La véritable crise du logement... En fait, elle n'a pas encore commencé.

Ça fait au moins 15 ans que les conditions d'accès au logement se dégradent en France.

Les problèmes d'accès au logement et à la propriété ne concernent plus uniquement les classes les plus précaires, même la classe moyenne est visée. Les prix de l'immobilier ont augmenté 5 fois plus vite que les salaires en 20 ans, avec une augmentation des taux d'intérêt, en croissance depuis 2022.

Conséquences ? Dans certaines régions, même un ménage avec 2 CDI plutôt bien payé peut se retrouver à galérer pour signer un acte authentique.

Cette difficulté pèse logiquement sur le marché de la location, avec un surplus de locataires (exclus de la propriété) par les conditions macroéconomiques. Ce qui augmente la demande dans des villes déjà assez compétitives, et ça crée le marché locatif que l'on connait :

• 2 garants,
• payer 6 mois de loyer d'avance,
• un CDI avec période d'essai non renouvelée passé depuis 6 mois,
• et peut-être l'accord du gouvernement...

pour pouvoir louer un 12 m² à Paris.

On peut dire qu'on est déjà en crise, mais je ne suis pas sûr que le terme soit bien approprié. Une crise, c'est quelque chose de soudain, de brutal, qui surprend tout le monde, et qui, avec le temps, va finir par s'atténuer.

Or, quand on aborde le secteur du logement, il n'y a rien de soudain. Rien de surprenant. On sait depuis longtemps que l'offre est clairement insuffisante. Que les prix augmentent. Que les inégalités se creusent. Que la construction ne suit absolument pas la demande. Construire un immeuble ne se fait pas du jour au lendemain. Cela se fait sur des mois années.

Donc les tensions actuelles étaient largement prévisibles. Et pourtant, il n'y a AUCUNE politique forte ou de mesures vraiment structurantes qui ont été mises en place pour réellement régler ces problèmes.

Donc ce que l'on vit aujourd'hui n'est pas une crise ponctuelle. Il s'agit de l'accumulation, lente mais sûre, de difficultés qui n'ont jamais réellement traités.

Et pire encore : la vraie crise, pour le coup, où plutôt l'accélération de la dégradation du marché, on la voit arriver. Elle est prévisible. Et tous les chiffres montrent que ce que l'on constate aujourd'hui n'est qu'un amuse-bouche par rapport à ce que l'on va connaitre dans les 10 prochaines années.

Tant que rien n'est fait.