"L'arbre tordu vit sa vie, l'arbre droit finit en planche(s)". proverbe chinois
Bonjour, j'aime beaucoup ce proverbe car derrière son apparente évidence d'interprétation il propose une dichotomie qui, à mon sens, tranche entre deux visions de l'existence qui me paraissaient en définitive complémentaires. En d'autres termes ce proverbe m'invite à penser au delà du binaire. Mais avant d'en dire plus sur mon interprétation, j'aimerais connaître la réflexion que ce proverbe produit en vous.
Edit : Mon interprétation
Le sens premier de ce proverbe nous incite à voir l'arbre tordu, celui dont la forme répondrait d'avantage à la complexité ou l'aléatoire, comme meilleur que l'arbre droit. Ce dernier, par contraste, semble présenté comme le fruit d'un conditionnement, anti-naturel, et son sort serait moins enviable. Nous avons d'un coté une affirmation à connotation positive, allant du coté de la vie, et de l'autre une affirmation plutôt négative associée à la perte d'intégrité physique et supposément la mort.
Ce proverbe nous dit : votre authenticité vous protègera et à l'inverse votre conformisme fera de vous des proies d'un monde qui "consommerait" ses êtres comme un simple matériau.
La binarité de ce raisonnement atteint, pour moi, un point de bascule lorsqu'on réalise que l'arbre qui vit sa vie dépend forcément lui aussi du "sacrifice" d'autres êtres vivants dont la matière à servit à sa subsistance. Il y a donc une opposition individualiste/altruiste qui transparait dans ce proverbe.
N'avons nous pas collectivement besoin que certains se "rectifient" pour pouvoir "faire corps" avec le vivant d'une façon complémentaire et vitale ?
Un corps social constitué d'éléments "tordus", résistants aux influences, à tout sacrifice de son intégrité personnelle, n'irait-il pas vers la décomposition ? Un corps social constitué uniquement d'éléments droits aurait certainement une structure plus solide mais perdrait ses capacités d'autonomie, de résistance, de résilience, face à de mauvais choix, de mauvaises directions empruntées.
Ainsi, le choix binaire, auquel semble inviter ce proverbe, n'est-il pas un piège visant à nous faire entrevoir une vérité qui se situerait au delà ? Au delà d'une vie à vivre, dont la force est la liberté, l'authenticité mais dont le danger est la valorisation de l'ego. Et au delà d'un attachement à cette même liberté par l'acceptation de sa non-individualité, de sa complémentarité, avec le danger également d'être emporté, conditionné, dans des projets qui ne viserait pas un Bien collectif.
Donc, pour moi, cet au delà qui est pointé c'est le détachement de la dualité individu/collectif, vie/mort, etc...