Quelques réflexions sur la pilule de contraception
Comme pour beaucoup d'entre nous, on m'a vendu tous les avantages de la pilule tout au long de ma période d'adolescence.
Donc, en jeune adulte responsable, avant mes premières expériences sexuelles, je prends rdv chez le gynéco pour commencer la pilule.
Dès les premières semaines, je me prends en pleine figure tous les effets secondaires possibles décrits sur la notice: bouffées de chaleur, irritabilité, saignements irréguliers, crises d'anxiété, acné... Et j'en passe.
En particulier les bouffées de chaleur et les crises d'anxiété sont telles que je suis obligée d'arrêter la pilule après quelques semaines. Je reprends donc rdv avec le gynéco qui me conseille de continuer à la prendre pendant AU MOINS 6 MOIS, et m'engueule pour avoir arrêté sans consultation. Il me sort que comme j'avais arrêté sans consulter il faudrait que je recommence cette période d'adaptation. C'est dommage, mais il fallait lui demander avant. Et si au bout de 6 mois j'ai encore ces symptômes, on pourrait penser à une autre pilule.
Je réessaie à contre-coeur, après deux mois ma santé mentale est au plus bas et j'ai tellement chaud que je me réveille tous les matins en baignant dans ma propre sueur. Je reconsulte avec une autre gynéco, cette fois-ci une femme. Elle me prescrit une autre pilule EN SOUFFLANT, et me prévient que comme j'ai l'air sensible aux traitements hormonaux, il faudrait que je fasse un effort et essaie au moins pendant 2-3 mois avant d'abandonner. Je lui dis que sinon, je peux faire avec des capotes, elle me sort "mais oui mais pour les relations à long terme, vous seriez quand même plus à l'aise"...
La deuxième pilule a eu à peu près les mêmes effets secondaires que la première. J'ai donc arrêté. Mon copain m'a ensuite largué parce qu'il ne voulait pas utiliser de capotes. Apparemment, c'est bien connu, TOUTES les femmes prennent la pilule, et si elles ne veulent pas, elle sont soit coincées, soit mal renseignées. Il m'envoie des articles qui vantaient les effets bénéfiques de la pilule et m'informe qu'il préfère sortir avec une fille qui "prend soin d'elle".
Avec le recul, je me dis que c'est quand même fou que deux médecins ait pu m'annoncer si calmement que je devrais peut-être subir mes symptômes pendant 6 mois minimum (en supposant que la deuxième pilule serait la bonne...) juste pour que mon copain puisse prendre plus de plaisir avec sa bite.
Aujourd'hui, près de 10 ans après cette expérience, je continue d'utiliser des capotes à chaque pénétration comme moyen de contraception. Mis à part le premier con, mes partenaires n'ont jamais protesté. Mon partenaire actuel m'a même confié que sur ses 6 ex-partenaires, une seule supportait la pilule, donc il n'était pas surpris par mon histoire et avait l'habitude d'utiliser des préservatifs ou faire du sexe sans pénétration.
De temps en temps, quand je vais chez un médecin quelconque, on essaie de me convaincre de reprendre la pilule. Quand je refuse, j'ai le droit à une explication condenscendante sur le cycle féminin et sur le fait que ça n'a aucun désavantage et pleins d'avantages.
Bref je ne sais pas pourquoi je fais ce poteau outre le fait de sensibiliser le public de airfrance à l'existence de femmes comme moi pour qui la pilule n'est pas une option.
Mon âme féministe remarque le fait que beaucoup d'entre nous subissent ces pressions pour prendre des hormones qui n'ont rien d'anodin, dans le but primaire d'accroître le plaisir sexuel masculin.